Avis ciné Django Unchained
[Critique de Django Unchained réalisée par Tiwence actuellement en vacances du coté d’hobbitebourg]
Après un Inglorious Basterds qui m’avait plus que plu, le maître Quentin Tarantino, l’enfant terrible d’Hollywood, revient avec un western. Et pas n’importe lequel : SON western. Celui qu’il a toujours voulu depuis Jacky Brown en 1997 (déjà !). On le sait, c’est un grand fan du genre, et on avait déjà vu des parcelles, des attirances vers les films de Cow Boys dans ses précédents films. Voila, Django Unchained est là, il l’a enfin fait et il s’est plutôt étalé sur le sujet avec 2h45 au compteur…
Mais qu’en est-il du sujet à proprement parlé ? Quelques années avant la guerre de Sécession, opposant sudistes et nordistes américains, le Dr Schulz, dentiste et chasseur de primes à ses heures perdues, fait l’acquisition de Django, un esclave noir qui vient d’être séparé de sa femme Broomhilda Von Schaft, pour pouvoir mettre la main sur les frères Brittle, morts ou vifs. Il lui rendra sa liberté s’il l’aide dans cette aventure. Mais Django n’a qu’une idée en tête, libérer sa femme qui est entre les mains du machiavélique Calvin Candie, propriétaire d’une immense plantation baptisée Candy Land…
La première chose qui frappe, c’est que Quentin Tarantino n’a rien perdu en termes d’écriture et de mises en scènes. On reconnaît le réalisateur sur quasiment chaque scène, chaque plan. De nombreuses idées de prises de vues : effets de zoom lors de la présentation des personnages, flashback saturés et intenses, gunfights exagérés à outrance, et j’en passe. Il varie les plaisirs, certes, mais j’avais pris l’habitude d’en prendre plus plein la tête sur chaque séquence dans ses précédents films. On sent qu’il a muri, qu’il est un tout petit peu rentré dans le rang. Ce qui donne un film un chouilla plus classique qu’à l’accoutumée. Certe le sujet est très sérieux, mais il l’était aussi dans Inglorious Basterds, et il semblait bien plus décomplexé que dans Django Unchained.
On retrouve bien évidemment tout son génie des dialogues, à n’en pas douter. Il n’y a que lui pour écrire comme ça. C’est magique, on est happé par les situations toujours aussi théâtrales, qui montent, comme à chaque fois, en intensité. Mais la aussi, c’est moins condensé, plus étalé, et du coup moins jubilatoire. Cet effet crescendo existe encore, mais il ne va pas aussi loin.
Il n’y a plus ces effets de surprise que l’on retrouvait à travers la découverte ou la réanimation d’un acteur, la mise en scène novatrice et graphique, ou même le montage en puzzle qui nous suscitait le questionnement : comment ça va finir ? Qu’est ce qu’il va encore nous montrer, et comment ?
Certes, plusieurs séquences vont devenir cultes, que ce soit par leur humour (scène d’ouverture et de l’attaque du Klu Klux Klan) ou leur violence (le combat de mandingues, l’attaque de l’esclave par les chiens), mais cela ne fait plus le grand cocktail savoureux auquel on aimerait regoûter.
Attention tout n’est pas à jeter. C’est juste que je suis plus exigeant quant il s’agit d’un de mes réalisateurs préférés (et je ne suis pas le seul), qui m’a fait voir le cinéma sous un autre angle. Car s’il y a quelque chose à ne pas retirer, c’est la direction d’acteurs. Ils sont tous géniaux et très bien castés. Cristoph Walz cabotine très bien comme on en a pris l’habitude (le rôle a vraiment été écrit pour lui), Jamie Foxx est parfait dans ce rôle à plusieurs facettes, DiCaprio est machiavélique comme jamais et arrive véritablement à faire flipper malgré sa tête d’ado qui revient inlassable dans les esprits. Mais la véritable surprise (enfin !) réside dans le rôle de Samuel L. Jackson qui campe un esclave noir raciste affranchi (oui ça fait beaucoup d’adjectifs) qui voue sa vie au service de son patron Calvin Candie. Il est tout simplement formidable, on a même parfois du mal à le reconnaître. Il fait parfaitement ce rôle de perroquet à la botte de son maître. Et qu’est ce qu’il est fendard… Le véritable plus du film.
Et on ne s’ennuie pas pour autant ! Le rythme est savamment dosé entre séquences chocs, dialogues savoureux et gunfight en apothéose. Il maîtrise ce genre, on sent véritablement tout l’amour qui lui porte, même si, n’étant pas un grand fan de westerns,, je n’ai pas relevé tous les clins d’oeil qu’il a mis en place. C’est peut-être aussi pour ça que j’ai été moins touché…
Malgré tout, ne vous inquiétez pas, Django Unchained vaut carrément le coup d’oeil. Il a la patte Tarantino. Certes, elle griffe moins, mais elle reste convenablement efficace. Un peu plus de surprise, un peu moins de bons sentiments et j’aurais été comblé !