Test de Beyond Two Souls sur PS3
Beyond Two Souls est le nouveau jeu de David Cage qui, après Heavy Rain, oscille à son tour entre le jeu vidéo et le cinema. Tantôt acteur, tantôt spectateur, on est plongé dans une aventure dont on ne sortira pas indemne. Exclusivité PS3, Beyond Two Souls met en avant son casting hollywoodien, porté par la belle Ellen Page (Hard Candy, Juno, Xmen, Inception) et le redoutable Willem Dafoe (Platoon, Spiderman), pour amincir encore plus la frontière qui sépare le jeu vidéo d’un long métrage. David Cage n’est pas le seul à vouloir emprunter cette voie. Hideo Kojima avec la série des Metal Gear explore également ce chemin et n’a jamais caché son attrait pour le septième art. Alors, en poussant plus loin le concept d’Heavy Rain, David Cage a-t-il réussi à atteindre son but ou est-il tombé dans des nombreux écueils qui le guettaient ?
Sans révéler les détails de l’aventure, Beyond Two Souls narre l’histoire de Jodie, une jeune fille liée à une âme invisible autonome nommé Aiden qui la suit partout. L’aventure suivra donc ses pas depuis qu’elle est toute petite jusqu’à l’âge adulte. Entre temps, de nombreuses péripéties viendront enrichir (ou pourrir c’est au choix) la vie de Jodie et par la même occasion nous apporter de nombreuses réponses sur son passé, sur le lien qui la lie à cette âme vagabonde et à cet autre monde qui côtoie le notre sans jamais interférer. Malheureusement, le scénario est complètement décousu. En effet, l’aventure nous est conté de manière non chronologique. En effet, on contrôle Jodie durant des chapitres plus ou moins courts mais qui ne de déroulent pas à la suite. On passe de Jodie adulte, à la Jodie ado, en passant par la Jodie qui a 6 ans … Il est parfois difficile de remettre tous les évènements dans le bon ordre au bout de dix chapitres. Et ce n’est pas la Time Line qui s’affiche au début de chacun d’eux qui viendra résoudre le problème car celle-ci ne contient que les titres des chapitres. Avec plus d’une vingtaine de chapitres, difficile de se rappeler de tous les évènements qui s’y réfèrent. Mis à part ça, le scénario au final très classique ressort toutes les bonnes ficelles du genre (trahison, remise en question, l’ami fidèle, celui qui pète un plomb, la crise d’adolescence, etc.). Mais personnellement, j’y ai bien adhéré jusqu’au bout de l’aventure. Je regrette juste que le rythme est parfois mal géré entre plusieurs chapitres. Certains sont intense alors que d’autre plutôt mou du genou.
Coté Gameplay, on retrouve la formule d’Heavy Rain en plus simpliste … les différentes actions sont pour la plupart assez simples et proposent peu souvent des enchainements de séquences à réaliser. On alterne le contrôle de Jodie et d’Aiden selon les situations. Aiden peut traverser les murs et s’élever dans les airs mais doit rester à une distance minimum de Jodie. Le gameplay a cependant ses limites. En effet, impossible de sortir du cadre du scénario. Ainsi si Aiden pourra de temps en temps prendre le contrôle d’un garde ou tout simplement l’étouffer, ce ne sera possible que sur les personnages décidés par le scénario … Du coup, alors que le jeu pousse à faire des choix, à explorer les possibilités, on se sent bloqué sur des rails qui nous mèneront vers la conclusion de l’histoire minimisant ainsi tous les impacts que nos choix auraient pu imposer. On peut comprendre cette limitation. Comment les développeurs auraient pu prévoir toutes les possibilités, et donc coder des évènements pour chacun d’eux ? Tout bonnement impossible, mais du coup il en ressort une certaine frustration.
Frustration qui peut être balayée par la réalisation tout simplement incroyable de Beyond Two Souls. Que ce soit les décors, les personnages, les animaux, tout est superbement modélisé et animé. Mention spéciale aux visages criant de vérité grâce à la motion capture. Tout au long du jeu, on découvre de nouveaux environnements (labo, centre de recherche, désert, terrain de guerre, centre d’entrainement, un « putain » de bel appart, bar, …) qui sont tout aussi bien réalisés. Les différents plans de caméra, très cinématographiques, nous en mettent plein la vue, notamment la séquence à cheval dans le désert.
La comparatif avec Heavy Rain est un passage obligé. A l’époque j’avais adoré ce nouveau concept de jeu. Seulement, Heavy Rain était bien plus équilibré. D’une part, le scénario se déroulait dans l’ordre chronologique. D’autre part, à la différence de Beyond Two Souls, on suivait plusieurs personnages dont les scénarios s’entrecoupaient. Ce qui lui donnait du lien et de la consistance. Enfin tous les QTE était bien plus nombreux et plus complexe et surtout les rater avaient un réel impact sur le scénario alors qu’avec Beyond Two Souls, on a l’impression que même en laissant la manette par terre, le jeu continue sans que le scénario soit impacté.
Au final, je trouve que David Cage et ses équipes sont allés un peu trop loin avec Beyond Two Souls qui lorgne plus du film interactif que du jeu vidéo. La narration l’emporte sur le gameplay. Néanmoins, l’expérience est toujours agréable dans son ensemble et je n’ai eu aucun mal à suivre les aventures de Jodie jusqu’à la conclusion du jeu qui reste … très ouverte 😉