Les applications décentralisées : le futur du web ?
Les dApps, vous connaissez ? L’acronyme désigne les applications décentralisées, des projets à la philosophie ambitieuse : il s’agit ni plus ni moins que de se réapproprier le web, son identité numérique, et de court-circuiter les géants du net qui se font une spécialité de revendre nos données personnelles. Un tel concept est rendu possible par la technologie de la blockchain. La blockchain est intimement liée aux crypto-monnaies qui font tant de bruit dans les médias depuis quelques années. Alors, les dApps, révolution en cours ou tempête dans un verre d’eau ?
Attends une minute : c’est quoi, vraiment, une dApp ?
Excellente question. C’est vrai que le terme application décentralisée, ce n’est pas super clair. Pour faire simple, une dApp est une application qui ne repose sur aucune autorité centrale. Son code informatique est disponible en open source. Et les données sont stockées de façon transparente sur la blockchain.
Il s’agit de tirer partie des propriété uniques des blockchains (résistance à la censure, immuabilité théorique des données) pour permettre par exemple de transférer de la valeur en peer to peer, sans passer par une autorité centrale (état, banque).
Mais sur quelle blockchain ? Les dApps ont besoin d’un environnement spécifique pour en soutenir le fonctionnement. En la matière, le précurseur, c’est l’Ethereum, un réseau dont la raison d’être est de permettre le fonctionnement des dApps. Sa monnaie liée, l’Ether (ETH), est vite devenue la deuxième crypto-monnaie du monde.
Mais un deuxième environnement, dérivé de la blockchain de l’Ethereum, s’est également lancé dans l’arène. L’EOS a fait beaucoup de bruit à son lancement : le CEO de Block.one interviewé par Bloomberg faisait état de 4 milliards de dollars recueilli lors de la dernière ICO. L’EOS supporte également les dApps.
C’est chouette tout ça. Et alors, les dApps actuelles, elles ressemblent à quoi ?
Oh oui il est chouette ce projet sur le papier. Il existe des sites qui listent les dApps et leur popularité. Mais le bilan est disons… mitigé ?
On peut compter quatre types de dApps. Les jeux vidéo, les inclassables (réseaux sociaux, stockage…), les casinos décentralisés, et les sites d’échange dédiés à la spéculation.
Et l’analyse des chiffres dresse un constat fort éloigné de l’utopie décentralisatrice censée faire vivre le projet. D’abord, le nombre d’utilisateurs des dApps reste faible, malgré les sommes colossales en jeu (l’ETH vaut plus de 20 milliards de dollars).
Et surtout, les applications les plus utilisées sont les dApps d’échange. Loin de l’utopie, on utilise surtout les dApps pour faire de la spéculation.
Attends, oublie la spéculation. Tu as dit jeux vidéo ?
Ben oui, on est sur Tomiiks.com quand même. Et les jeux vidéo font partie des dApps les plus populaires.
EOS Knights, charmant petit RPG permettant de vendre son lot et ses équipements contre monnaie virtuelle, est depuis son lancement la plus active des dApps.
Sur le réseau Ethereum, ce sont les jeux de collection qui ont la cote : CryptoKitties est très connu des aficionados de la blockchain, et permet d’élever des cryptochats mignons (et parfois revendables contre un paquet d’ETH). Etheremon se spécialise lui dans les cryptomonstres à élever et faire combattre.
Chatons mignons et monstres virtuels. J’aime. Mais c’est pas révolutionnaire, si ?
Eh bien non. Mais ces quelques dApps très populaires permettent d’espérer. Tout l’écosystème de la blockchain n’a pas encore été corrompu par la spéculation. La communauté est dynamique et fait de son mieux pour ne pas oublier ses objectifs. La révolution, ce n’est pas pour maintenant. Mais les bases techniques sont posées, c’est déjà quelque chose, non ?